LE TEMPS DES GÉNIES !
La réunion commence un peu fraîchement, l'orateur semblant un peu trop sûr de lui.
Mais, peu à peu, pressé de question, il dévoile les aspects les plus novateurs de sa
réflexion et l'on conclut dans l'enthousiasme d'un projet aventureux mais séduisant.
Michel Saloff-Coste, consultant, réfléchit aux problèmes de la "société de
l'information" (en attendant de trouver une meilleure expression) depuis trente ans.
Il y a quelque douze ans, il a publié "Le management du 3e millénaire" et
pense que depuis, tout s'est passé exactement comme il l'a prévu. Ses thèmes d'étude,
et au moins certaines de ses conclusions, sont tout à fait en phase avec ceux de notre
club.
Comme tant d'autres, le conférencier ré-écrit l'histoire à sa façon. Les nouvelles
technologies de l'information vont créer un transfert de
civilisation aussi profond que l'écriture allant de pair avec l'ère agraire, que
l'imprimerie avec l'ère industrielle. Internet, combinant la
communication de masse et la communication point-à-point, ouvre un nouvel espace.
Mais, plus original, Michel Saloff-Coste est (raisonnablement) un optimiste. Tout le monde
a peur du chômage ? Au contraire. Il faut repenser l'entreprise, les sciences
économiques, la médecine, l'Etat... c'est le plus grand chantier de toute l'histoire
humaine. Il y a du travail "dix fois pour tout le monde".
Du travail dans quatre dimensions: individuelle, entrepreneuriale, nationale
(état-nation), planétaire. Dans chaque domaine, il y a de la recherche à faire.
Pourquoi n'a-t-elle pas été lancée plus tôt. Pourquoi le déficit actuel de pensée,
le manque d'un lieu de réflexion ? En raison d'un double blocage:
- les ingénieurs (ce n'est pas de leur faute, plaide Pierre Berloquin, les technologies
vont trop vite, on n'a plus le temps de l'appropriation) ne réfléchissent pas assez; ils
ont été les chevaliers de l'ère industrielle, mais ils n'ont pas la culture nécessaire
pour l'ère prochaine,
- les philosophes sont devenus inaccessibles (ou baratineurs, ajoute Pierre Berger).
Or qu'est-ce qui est stratégique dans la nouvelle société: la capacité à créer de
l'information significative, c'est à dire à la fois originale (elle n'existait pas
avant) et pertinente. Le besoin majeur, c'est la créativité. Ne parlons plus de
société de l'information mais de société de création. De création de sens.
Et pour cela, ce qui compte c'est le génie. Et pas d'élitisme! Chacun dans sa
singularité, y est appelé.
La société industrielle tue les génies. Aujourd'hui encore, les États-Unis ont une
stratégie mondiale de castration des cerveaux. Un tiers des diplômés de nos grandes
écoles travaille pour les Américains, note Hubert Bonal.
Il faut pour cela un décloisonnement de l'enseignement, de la séparation
art/sciences/lettres, note Sylvie Dumayet. Il devient insupportable
d'entendre un enfant dire "je déteste les maths".
La clé, reprend Michel Saloff-Coste, c'est d'apprendre à apprendre. La puissance carrée
d'apprendre. Et la puissance cube, apprendre à apprendre à apprendre, c'est la
création, le génie.
Il faut faire éclore les autodidactes. Ceux qui ont fait nos grandes success-stories
(Riboux, Trigano), car ils sont humbles. Jeter hors des
universités les gens qui savent.
Une question-clé : le temps. Hier, l'élite avait du temps, c'était sa caractéristique.
Aujourd'hui, c'est le contraire. Elle n'a plus. Car elle ne
trouve plus le sens de ses efforts. Il faut donc faire revivre une dimension de sagesse,
de foi. Gödel a montré l'incomplétude des mathématiques (ici, petite discussion entre
l'orateur, Pierre Berloquin et Pierre Berger sur ce qu'a vraiment démontré Gödel, et
qu'il ne faut pas confondre avec Church et Russell. Ne faudrait-il pas y consacrer une
soirée l'an prochain, malgré la difficulté et l'abstraction du sujet ?). Mais attention
aux avertissements de Sokal: soyez vigilants sur l'association d'idées un peu
vertigineuses.
Il faut ré-enchanter notre monde déterministe/mécaniste, qui espère inventer la grande
équation finale.
Dans la société de cueillette, le sens était kidnappé par le sorcier. Dans la
société agraire, par les grandes religions. Dans la société industrielle, par la
science. C'est maintenant le temps des génies: la question du sens
redevient le problème de chacun.
D'où le projet de Michel Saloff-Coste: une encyclopédie de la société de
l'information. Un endroit où on explique. Un who's who aussi. Des grilles de lecture bien
faites, synthétiques.
Une discussion générale travaille alors sur une implémentation possible. Un site
portail, lance Hubert Bonal. Où chacun paierait non seulement pour être membre mais
aussi pour avoir le droit (et le devoir) de travailler, d'apporter sa contribution.
Et paradoxalement, lance l'orateur, cela pourrait être une merveilleuse start-up et
rapporter des milliards. Allons-y. Et il envisage de créer une structure de type
commercial (SA sans doute). Avec des actions à 1000 F par exemple. La spirale créative
s'empare du club. L'orateur a un nom à proposer "Information Global Network".
Un des membres fait de suite un chèque à l'ordre de la société à naître.
(Nota: le Brouilly du Père Tranquille est-il trop efficace ? Thème à mettre à l'ordre
du jour du prochain Conseil d'administration). L'orateur
l'accepte, non sans quelques scrupules, d'ailleurs
Tous les intéressés peuvent aussi prendre une part dès à présent en envoyant un
chèque de 1000 F à l'ordre de Information Global Network (adresse: chez Michel
Saloff-Coste, 66 avenue des Champs Elysées, 78016 Paris). On peut aussi:
- lui demander plus d'informations en lui mettant un message à msaloff@iway.fr
- aller l'écouter le mercredi 16 décembre à une soirée (de 19h à 21h30)
d'International Mozaik, 14 bis, rue de Milan, 75009 Paris.
Du mardi 11 Août au mardi 25 Août séminaire d'été sur le thème : Les nouvelles économies de l'informatique.
Quelques axes:
- l'économie mondiale s'adapte assez bien aux nouvelles technologies mais...
- il y a beaucoup de laissés pour compte, et il faut donc mettre en place des formes
d'économie qui, sans remplacer le marché, tendent plutôt à le compléter: économie du
don, SEL etc.
- Internet depuis plusieurs années et maintenant Linux ouvrent la voie à des modes de
production et de diffusion inédits. Les formes traditionnelles de l'économie (État,
entreprises) s'y adaptent mais n'arrivent pas contrôler ce mouvement.
Bref l'hypermonde aura une économie "avec marché" plutôt qu'une
économie "de marché".
23 Juin
Assemblée générale.
16 Juin
Réunion du bureau du club en vue de préparer l'assemblé générale.
9 Juin
Pas de réunion officielle du club - Pierre Berger vous donne RDV au Père Tranquille pour une soirée en toute amitié
2 Juin
Pierre Berger
se propose d'intervenir sur le thème:12 Mai
Henri Jousselin : Microsoft et le passage de l'An 2000
: le stratège Bill Gates arrivera t il
5 Mai
Jeu Cosmic Encounter. A charge solidairement par les
deux Pierre d'apporter un jeu.
28 Avril
pause pour absence du président, sauf si on a une bonne idée (le
président étant branché par les hyper-ondes, toute réunion
séditieuse visant à le remplacer serait immédiatement cyber-noyée dans l'hyper-fange).
21 Avril
Pédron, Cyber-Picpus: charmes et difficultés d'un cyber-café.
14 Avril
Jean-Paul Bois, Impression d'Egypte
7 Avril
Benoit Faucon, Internet en Bosnie.
Vu de l'hexagone, on imagine souvent Internet en gadget hi-tech,
tout juste bon à faire prévaloir quelque domination anglo-saxonne. Pour qui
se rend dans les Balkans, ce préjugé tombe pourtant aussitôt. Durant la guerre en
Bosnie, alors que routes et lignes téléphoniques étaient
coupées, seuls les réseaux électroniques ont continué à fonctionner, symboles d'une
guerre qui mit aux prise des individus hautement éduqués
avec la barbarie la barbarie la plus médiévale. A Sarajevo, le "Réseau pour la
paix", un BBS bricolé par un jeune informaticien, Haris
Hadzialic, servira à tout: desservir le courrier aux familles isolées du monde, fournir
de l'information et même, par delà les lignes de front,
dialoguer avec les deux capitales ennemies, Belgrade et Zagreb.
Lorsque je me suis rendu à Sarajevo en octobre 1996, la paix était revenue. Pourtant, un
mur infranchissable séparait encore les habitants,
de chaque côté de la ligne de front: Musulman de Sarajevo, on se risquait pas dans les
collines serbes où "sévissaient de dangereux
égorgeurs serbes"; Serbe de Bosnie, on se refusait à venir à Sarajevo où étaient
censé habiter des "fanatiques Islamistes". C'était sans
compter, là encore sur les connexions électroniques et sur l'énergie de Fredrik Lassen,
le jeune Allemand à l'origine de Mladnet (le "réseau
jeune"), un réseau qui transite par Sarajevo, puis l'Allemagne et la Hollande, pour
finalement aboutir à quelques kilomètres de là, en
République serbe de Bosnie. Grâce à ce nouveau réseau, les enfants de la guerre
apprennent à se parler, ont même monté un journal commun via les transferts de
fichiers. Certes ont continue de haïr, de chaque côté de la ligne de front, mais le
réseau ouvre une petite fenêtre entre des
populations, des individus qui peut-être, un jour, arriveront à se reparler.
D'autant que le réseau constitue, pour ces petits pays-ghettos coincés entre orient et
occident, une bouffée indispensable d'oxygène.
Aujourd'hui, Haris, l'homme du réseau pour la paix, connecte Sarajevo aux Universités
américaines. Pour que le savoir vienne à Sarajevo. our
qu'ainsi soit endiguée la fuite des cerveaux.
31 Mars
Présentation par l'Afisi de ses travaux et de ses projets (Association pour l'ingénierie des systèmes d'information)
Mardi 24 Mars
Gérard Balantzian: L'avantage coopératif. L'auteur aimerait que
les participants aient lu son livre (du même titre) avant de venir...
Vendredi 20 Mars, du 10 h à 22h
Réunion non-stop du Club au Cyber-Tranquille (alias du Père que vous savez), pour la fête de l'Internet. Sur le thème "Citoyens de l'Hypermonde"
Mardi 17 Mars
Jean Rohmer. Qu'est-ce que l'informatique, au fond ?
Pierre Berger. Le multiculturalisme américain
aujourd'hui.
Mardi 24 Février 1998
Mardi 17 Février 1998
- Henry Joussellin viendra nous présenter les réalisations de l'Institut, et travailler avec nous sur les modes de collaboration les plus efficaces entre les deux associations.
- Un colloque d'une semaine à Hammamet, en février 99.
Thème "Hypermonde et Transculture"- Prix 2500 F tout compris (possibilité de réduire ce prix si nous trouvons des subventions)
Lieu: Centre culturel d'Hammamet
Parc aménagé d'un hectare (sinon plus) en bordure de mer. Logement en bungalows.
Programme social d'excursions en Tunisie (prix en sus).
Thèmes:
- Lundi: Tour d'horizon des technologies nouvelles (les évolutions et harmonisation des niveaux de l'auditoire)
- Mardi: La littérature sur le Net. Écritures spécifiques à l'Hypertexte.
- Mercredi: La littérature tunisienne francophone aujourd'hui, sa présence sur le Net en particulier.
- Jeudi: Expériences transculturelles dans les autres arts
- Vendredi: Transculture et exception culturelle. Comment développer le business et créer des emplois tout en protégeant et en développant la gratuité fondamentale de la création.
Organisation: Club HM, Institut HM, Incom
Mardi 20 Janvier 1998
Alternet
Comme prévu, Luc Matisson et Lydia Bradiotti,
d'Alternet,
viendront faire avec nous le point sur leurs actions.
L'aide du Club leur a été utile, et il faut voir maintenant
comment continuer à contribuer à leur objectif, plus important
que jamais: comment mettre Internet et les nouvelles technologies
de l'information au service de la lutte contre l'exclusion.
Mardi 13 Janvier
Réunion avec Fred Forest: organisation de la
participation
du Club à la fête de l'Internet et plus précisément à l'opération
"J'arrête le temps".
Mardi 6 Janvier 1998
Le génie documentaire, objectif prioritaire pour
l'industrie des télécommunications
A une récente conférence de presse, un groupe de travail réunissant les opérateurs de
télécommunications (France Télécom, Cegetel, Bouygues Télécom), les équipementiers
(CIT Alcatel notamment) et des spécialistes des contenus (représentés par l'INA) ont
réclamé des budgets de recherche publique pour les télécommunications. Le thème
essentiel des recherches souhaitées: les moteurs de recherche sur Internet !
Pierre Berger présentera le rapport de ce groupe et les convergences,
inespérées venant d'industriels, avec les objectifs du Club de l'Hypermonde.